Grand voyageur, Grand voyageur
Hmm… Tu me fais me poser des questions,
Grand voyageur,
aux pas de prémices.
Tu n’as qu’un petit baluchon,
mais il contient une corde de bois.
Alors,
où tu t’en vas?
Il y a le levant. Et le vent.
Il y a le serment. Et le serrement.
Il y a la tente. Et l’attente.
La route est longue à pas de gueux.
L’amour au loin est une torture.
Va savoir tout le par coeur là-dedans!
Où je m’en va?
Tu crois qu’un jour nous pourrons vraiment marcher sans nouer?
L’un et l’autre,
dans les errances qui attrapent d’la brume?
De la veine que de la manne en route!
Il y a des paysages.
Près du lac, sous la pluie, je compte toutes les gouttes.
C’est une tiraillerie, ça me titille:
des ronds sur un point d’eau.
«Vers les contrées célestes grimpent des étoiles de mer.
À la renverse, en averse,
ce sont des comètes bleues qui s’étiolent. »
C’est morne.
Il y a aussi l’ivresse.
Qui n’aura été qu’un éthanol,
qu’un étang de tylénols,
qu’un verre d’eau à boire dedans.
Tout ce que nous n’ayons jamais eu qui ne soit gratuit de toute façon.
Je ressens et je sais:
Nous ramassons, par loisir,
chacun de notre côté,
des carapaces de tortues.
S’y cache un même désir:
le mien, le nôtre, par résonance,
de chair sauvage?
Nous ne cherchons pas de maisons,
n’est-ce pas?
Si petites soient-elles.
C’est plutôt collectionner des cailloux stylés qu’on fait.
C’est beau parce que c’est inutile.
Mais, Grand voyageur, Grand Voyageur,
J’ai une idée!
On pourrait les utiliser pour faire des ricochets…
Sur les champignons des Schtroumpfs!
Chacun de notre côté.
Nous ne cherchons pas une maison.
Si petite soit-elle.
Je sais.
Des légumes les plus sucrés, je serai toujours le haricot.
Je resterai toujours
une humble petite pierre
sombre
comme quiconque à l’ombre d’un chêne.
Cependant,
je ne détourne pas les yeux du soleil.
Je fixe.
Ça me lave.
Mes larmes sont chaudes qui me coulent des douches savonneuses.
Je suis si nette.
Je surchauffe tendrement.
Pas comme Icare.
Qu’est-ce que ce climat?
J’ai un oasis dans les yeux.
Je voyage sur un chameau.
Je mirage dans une envolée de sable
la dune d’un dromadaire
où tu sièges?
Je chante pour que tu ne m’entendes pas:
«Je voyagerai à dos de poussière
le vent en face
le nez attaché à ce qui picote
pour atterrir sous ton pas
pour amerrir sur ton poids
m’amarrer à ton sein
alunir sur toi tous les matins. »
Pas de maisons.
Sur la toile de l’univers qui s’étire entre nous,
là où nous faisons présentation.
Grand voyageur,
Emprisonne un petit grain de poussière
S’il-te-plaît
Et pense à moi.
LSB, Montréal, printemps 2008
Poème publié dans le recueil Arts poétiques du Groupe Poésie Combattante.