J’ai marché d’un bon pas, d’un pas blanc
Dans les rues de sable rouge de Bamako
Ne tògò Sira Sissoko, djélimuso
Je m’appelle Sira Sissoko, femme griotte.
Fòlò fòlò, sur le sein ouest de Mama Africa
Se trouve un énorme sablier : le Maliba.
On croirait rêver que le temps à venir s’est trouvé un territoire ici, au Nord,
Parmi les ergs et les regs du Sahara
Que son impulsion a trouvé refuge dans la sueur des caravaniers qui
En embrassant l’aridité, le néant,
Ont préservé l’énergie de foncer
Vers l’oasis
Afin de créer du destin dans la vie.
Et chaque hiver, comme un présage, quand souffle le vent du Nord
L’Harmattan
À Koutiala, Ségou, Niono, on s’inquiète
Les dunes avancent
S’élèvent des sifs et des dômes blancs.
Cap au Sud,
Où le courant torrentueux des choses
Irrigue les plaines que l’on aime cultiver.
Sur les flots animés du grand fleuve Djoliba
Les pirogues glissent
Près des rives le baobab s’enracine
Un vieux raconte
Les jeunes s’arrêtent pour écouter.
Mais, incroyable accident de terre !
Au cœur du sablier,
Où il devrait y avoir passage à vide :
Le Djoliba fait une boucle géante
S’y jette la rivière Bani en rive droite
Les lacs pleuvent
Un pays d’eau solaire, un épicentre,
En jette plein les yeux !
Grand Maliba,
Ce sont des Assis qui ont tracé tes frontières,
Fixant en Afrique cette étrange métaphore du temps
Les nomades Touaregs sont rebelles
Revendiquent leur propre moment.
Fòlò fòlò, l’armée malienne est massacrée à Aguelhoc
22 mars, rougeur à Bamako
Non de sang, mais de gêne
Coup d’état émotif du capitaine Sanogo
Dans le chaos, Gao et Kidal tombent
Et, poisson d’avril, Tombouctou est assiégée
Fantaabamali !
Ton destin a glissé entre les mains des aventuriers.
Qu’est-ce que ce nouvel Harmattan ?
Comme avant la poussière s’élève, le ciel est fauve
Mais le vent est lasso
Projette partout les gouttelettes de sang.
Y’a la guerre
Et un discours pour la burqa de chaire
Cette réalité est éclairée par un soleil violent.
Implosif Mali, jadis renaissant des cendres de tes conflits
Le corps intact, tel un phénix
Avec tes couilles, mais sans clito.
Les nouveaux capitaines, ceux qui survivront au feu
Sauront-ils comprendre ?
La vraie transformation que devrait subir ton corps ?
Dame Maliba, ne déchire pas les tissus de ta poitrine !
Je comprends l’hystérie de ton attente
Ton grand pagne coloré est si bien taillé
Qu’il laisse entrapercevoir avec précisions tes seins:
Ils sont lourds et inégaux
Sur la rose des vents,
Pointent des directions opposées
Mais
Ils sont source des eaux du Djoliba.
Car Maliba, tu es famille: somògòw
Quand Tombouctou chancelle, Djenné tressaille
Deux mosquées sœurs de terre crue
D’où s’exalte la même prière :
Que s’élève l’âme de Soundiata !
Du mont Hombori à la Main de Fatima
En passant par les eaux conjugales de Mopti
Hommes bleus
Kòrò, dògò,
Peuls, Bambaras, Toucouleurs !
Cousins à plaisanterie.
Que votre légendaire palabre
Voyante
Savante
Peinturlurée
Crée une nouvelle épiphanie !
Où que je sois, je suis un morceau du paysage de mon amour
Un bout d’automne couleuré de rouge, comme le sens d’Afrique, the sands of Africa
Grand Maliba, ta parole démocratique foisonne sur maliweb
De mon printemps érable où moissi je lutte à réel
J’ai entendu l’appel des plus griots de tes journalistes
« L’heure est grave, l’heure est gravissime, l’heure est saignement grave ! »
S’il te plaît, grand Maliba
Rattrape tes petits grains de poussière
Ressaisis les armes du vent
Retourne le sablier
Qu’on puisse dire
« Elle est retrouvée !
— Quoi ? — L’Éternité »
Cette paix métissée de sang.
LSB, Saint-Vallier, Montréal, avril 2012
Les emprunts dans le texte, mis entre guillemets, viennent d’ici… À lire!
L’éternité, Arthur Rimbaud, Vers nouveaux, 1872.
poème
Maliweb
portail de nouvelles sur le Mali qui comprend des journalistes très dynamiques et verbeux
Le grand sablier du Mali s’est brisé!
J’ai marché d’un bon pas, d’un pas blanc
Dans les rues de sable rouge de Bamako
Ne tògò Sira Sissoko, djélimuso
Je m’appelle Sira Sissoko, femme griotte.
Fòlò fòlò, sur le sein ouest de Mama Africa
Se trouve un énorme sablier : le Maliba.
On croirait rêver que le temps à venir s’est trouvé un territoire ici, au Nord,
Parmi les ergs et les regs du Sahara
Que son impulsion a trouvé refuge dans la sueur des caravaniers qui
En embrassant l’aridité, le néant,
Ont préservé l’énergie de foncer
Vers l’oasis
Afin de créer du destin dans la vie.
Et chaque hiver, comme un présage, quand souffle le vent du Nord
L’Harmattan
À Koutiala, Ségou, Niono, on s’inquiète
Les dunes avancent
S’élèvent des sifs et des dômes blancs.
Cap au Sud,
Où le courant torrentueux des choses
Irrigue les plaines que l’on aime cultiver.
Sur les flots animés du grand fleuve Djoliba
Les pirogues glissent
Près des rives le baobab s’enracine
Un vieux raconte
Les jeunes s’arrêtent pour écouter.
Mais, incroyable accident de terre !
Au cœur du sablier,
Où il devrait y avoir passage à vide :
Le Djoliba fait une boucle géante
S’y jette la rivière Bani en rive droite
Les lacs pleuvent
Un pays d’eau solaire, un épicentre,
En jette plein les yeux !
Grand Maliba,
Ce sont des Assis qui ont tracé tes frontières,
Fixant en Afrique cette étrange métaphore du temps
Les nomades Touaregs sont rebelles
Revendiquent leur propre moment.
Fòlò fòlò, l’armée malienne est massacrée à Aguelhoc
22 mars, rougeur à Bamako
Non de sang, mais de gêne
Coup d’état émotif du capitaine Sanogo
Dans le chaos, Gao et Kidal tombent
Et, poisson d’avril, Tombouctou est assiégée
Fantaabamali !
Ton destin a glissé entre les mains des aventuriers.
Qu’est-ce que ce nouvel Harmattan ?
Comme avant la poussière s’élève, le ciel est fauve
Mais le vent est lasso
Projette partout les gouttelettes de sang.
Y’a la guerre
Et un discours pour la burqa de chaire
Cette réalité est éclairée par un soleil violent.
Implosif Mali, jadis renaissant des cendres de tes conflits
Le corps intact, tel un phénix
Avec tes couilles, mais sans clito.
Les nouveaux capitaines, ceux qui survivront au feu
Sauront-ils comprendre ?
La vraie transformation que devrait subir ton corps ?
Dame Maliba, ne déchire pas les tissus de ta poitrine !
Je comprends l’hystérie de ton attente
Ton grand pagne coloré est si bien taillé
Qu’il laisse entrapercevoir avec précisions tes seins:
Ils sont lourds et inégaux
Sur la rose des vents,
Pointent des directions opposées
Mais
Ils sont source des eaux du Djoliba.
Car Maliba, tu es famille: somògòw
Quand Tombouctou chancelle, Djenné tressaille
Deux mosquées sœurs de terre crue
D’où s’exalte la même prière :
Que s’élève l’âme de Soundiata !
Du mont Hombori à la Main de Fatima
En passant par les eaux conjugales de Mopti
Hommes bleus
Kòrò, dògò,
Peuls, Bambaras, Toucouleurs !
Cousins à plaisanterie.
Que votre légendaire palabre
Voyante
Savante
Peinturlurée
Crée une nouvelle épiphanie !
Où que je sois, je suis un morceau du paysage de mon amour
Un bout d’automne couleuré de rouge, comme le sens d’Afrique, the sands of Africa
Grand Maliba, ta parole démocratique foisonne sur maliweb
De mon printemps érable où moissi je lutte à réel
J’ai entendu l’appel des plus griots de tes journalistes
« L’heure est grave, l’heure est gravissime, l’heure est saignement grave ! »
S’il te plaît, grand Maliba
Rattrape tes petits grains de poussière
Ressaisis les armes du vent
Retourne le sablier
Qu’on puisse dire
Cette paix métissée de sang.
LSB, Saint-Vallier, Montréal, avril 2012
Les emprunts dans le texte, mis entre guillemets, viennent d’ici… À lire!
L’éternité, Arthur Rimbaud, Vers nouveaux, 1872.
poème
Maliweb
portail de nouvelles sur le Mali qui comprend des journalistes très dynamiques et verbeux